René Quinton : histoire de l’eau de mer « plasma marin »
René Quinton : qui était-il, que contient “l’eau de Quinton”, et que dit la science aujourd’hui ?
René Quinton est un nom qui revient souvent dès qu’on parle de plasma marin, d’eau de Quinton, ou de “thérapie marine”. Mais entre récit historique, usages modernes (notamment en ORL) et promesses parfois très larges sur Internet, il vaut mieux distinguer ce qui relève de l’histoire, ce qui est réellement utilisé aujourd’hui, et ce qui est prouvé.
Qui était René Quinton ?
René Quinton (1866–1925) est un biologiste / physiologiste français souvent présenté comme autodidacte, connu pour avoir popularisé l’idée que l’eau de mer, correctement préparée, pourrait jouer un rôle de “milieu” proche de celui de l’organisme humain.
Il a aussi eu une vie publique marquée par d’autres engagements (notamment autour de l’aéronautique au début du XXᵉ siècle), comme en témoigne la presse illustrée de l’époque. Gallica
Son idée centrale : le “milieu marin” comme référence biologique
Le cœur de la pensée de Quinton est résumé dans son ouvrage L’eau de mer, milieu organique (réédité notamment en 1912) où il développe l’idée d’un lien fort entre le milieu marin et certains équilibres du vivant. Internet Archive
Cette approche s’inscrit dans une époque où la physiologie progresse vite et où l’on cherche à mieux comprendre les “milieux” nécessaires au fonctionnement des cellules.
Le “sérum de Quinton” : de quoi parle-t-on exactement ?
Dans le langage courant, on mélange souvent plusieurs termes :
- Plasma marin / eau de Quinton : eau de mer destinée à un usage “bien-être” ou “complément”, préparée selon des procédés industriels variables (filtration, contrôles, dilution).
- Isotonique : dilution visant une concentration en sels proche du plasma sanguin (souvent rapprochée du 0,9 % en pratique).
- Hypertonique : eau de mer plus concentrée en sels que l’isotonique (donc plus “salée”).
Historiquement, Quinton a aussi défendu des usages par injections et a ouvert des structures dédiées (“dispensaires marins”), mais ces pratiques ne correspondent pas à la médecine moderne telle qu’elle est encadrée aujourd’hui.
Les “bienfaits” : ce qui est documenté… et ce qui ne l’est pas
C’est ici que la nuance est essentielle.
Ce qui est bien établi : les solutions salines / eau de mer en ORL (nez)
Aujourd’hui, l’usage le plus consensuel et documenté autour de “l’eau de mer” concerne les lavages/irrigations nasales (sprays ou lavages), utilisés pour l’hygiène nasale et certains symptômes ORL.
- Un essai clinique publié dans une revue JAMA (pédiatrie ORL) a observé, chez des enfants, une amélioration de symptômes de rhinite avec un lavage nasal isotonique “traité à partir d’eau de mer”, et une baisse de consommation de certains médicaments dans le groupe utilisant le lavage. JAMA Network
- Des travaux plus récents continuent d’explorer ces approches (ex. sportifs de haut niveau) avec des effets surtout sur le ressenti de perméabilité nasale. MDPI
➡️ Donc oui : “eau de mer” en spray nasal = un champ où il existe de la littérature clinique, même si les effets peuvent varier selon les contextes et les produits.
Ce qui est beaucoup plus fragile : les promesses “globales” (énergie, immunité, etc.)
Sur le plan scientifique, on ne peut pas mettre au même niveau de preuve :
- un usage local (nez) avec des essais cliniques,
- et des promesses larges de type “rééquilibrer l’organisme”, “booster l’immunité”, “traiter des problèmes X/Y”, etc.
Sur ce point, les synthèses grand public rappellent qu’il n’a pas été montré que le “plasma marin de Quinton” apporte un bénéfice supérieur à une simple solution physiologique, et que la “thérapie marine” est souvent portée par des usages de “médecines naturelles” avec absence de preuves solides pour des effets généraux.
➡️ En clair : les bénéfices “bien-être” souvent avancés existent surtout sous forme de revendications, pas comme conclusions robustes de la médecine fondée sur les preuves.
À quoi faire attention si on parle de consommation (boisson / cure) ?
Sans entrer dans une recommandation personnalisée (ça relève d’un professionnel de santé), il y a des repères simples :
- Le sodium : hypertonique = plus salé, donc pas adapté à tout le monde (hypertension, reins, régimes hyposodés, etc.).
- La qualité du produit : eau de mer = milieu naturel → l’intérêt d’un procédé sérieux (filtration, contrôles) dépend du fabricant.
- Ne pas confondre : “apport d’électrolytes” ≠ “traitement” de fatigue chronique, immunité, maladie, etc.
➡️ Si vous voulez rester ultra-rigoureux dans votre contenu : parlez de “potentiel d’apport minéral” et de “routine d’hydratation”, mais évitez les formulations “soigne”, “guérit”, “traite”.
Repères historiques (chronologie simple)
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Début XXᵉ siècle : Quinton publie et popularise ses idées autour de l’eau de mer comme “milieu” (ouvrage connu, réédité).
- Années 1900 : développement d’une pratique et d’un récit autour du “sérum de Quinton” (dispensaires, injections) dans le contexte médical de l’époque.
Aujourd’hui : la filiation la plus nette dans la médecine moderne se retrouve surtout dans les solutions salines / sprays nasaux issus (parfois) d’eau de mer.
Pour bien comprendre ce que recouvrent les termes “eau de Quinton”, “plasma marin”, “isotonique” et “hypertonique”, consultez ce guide : différences entre plasma marin hypertonique et isotonique
La notion d’isotonie repose notamment sur une dilution adaptée : comment diluer une solution hypertonique pour obtenir une isotonique
Le choix du site de prélèvement compte : origine de notre eau de mer : la baie de Saint-Malo